L'oiseau de nuit Un regard nyctalope sur l'actualite

15Oct/18Off

Colloque d’Aix sur le terrorisme

L'Etat Islamique a longtemps semblé fortement ancré dans le paysage. Mais sera-ce toujours le cas ? J'en doute. En fait, certains signes montrent même que la bête est mourante. La semaine dernière encore, j'ai participé à un séminaire à Aix en Provence où mes collègues et moi avons évoqué le problème. Nous avons notamment discuté des récentes tentatives d'attentats qui ont eu lieu à gauche et à droite. J'ai été frappé de découvrir en discutant avec mes collègues que plusieurs considéraient que la situation avait tendance à empirer ces derniers temps. Parce que, à mes yeux, c'est précisément le contraire quie se produit, et je suis persuadé que le pire est déjà arrivé.
Ce qui me fait dire cela, c'est que les récents attentats deviennent chaque jour un peu plus amateurs. Ceux qui agissent ou veulent agir ne sont plus des groupes aguerris comme ceux de novembre 2015. Les trois femmes qui se sont faites arrêter pour la voiture chargée de bonbonnes n'étaient pas franchement organisées. L'adolescent de 15 ans qui voulait commettre un attentat a singulièrement manqué de discrétion... Désormais, il semble que les terroristes soient des quidams comme vous et moi, fraîchement radicalisés et n'ayant aucune formation en la matière. Ce sont des ados carrément perdus qui souhaitent disparaître et improvisent des attentats avec ce qu'ils ont la main : sans la logistique ni les ressources de l'EI. Evidemment, ils n'en sont pas moins dangereux dans l'absolu. Avec l'avènement de ces aspirants djihadistes, le nombre de candidats au suicide devient plus que préoccupant. Il n'est plus nécessaire de partir au Moyen-Orient et d'y recevoir une formation pour perpétrer un attentat : un ado n'ayant rien de mieux à faire peut faire l'affaire. Mais l'amateurisme de ces nouveaux projets fait qu'ils sont plus faciles à déjouer. Mais surtout, cela nous apprend que le Califat islamique doit être bien affaibli pour en être réduit à employer des bizuts inexpérimentés. En quelques mois, il a perdu pas mal de villes, de ressources et certains de ses ministres : il n'a plus les moyens d'assurer un terrorisme efficace comme par le passé. Et si Daech continuera bien sûr à poser problème dans les années à venir, tout porte à croire que son quart d'heure de gloire est fini.
Soit dit en passant, j'ai été séduit par ce séminaire. D'ailleurs, je vous mets en lien l'agence qui s'en est occupée. Retrouvez toutes les infos sur ce séminaire à Aix en Provence en suivant le lien.

Remplis sous: Non classé Commentaires
11Oct/18Off

Analyse comparée de la perception des personnes âgées dans les pays industriels et dans les pays en voie de développement

La question du vieillissement, au-delà des problèmes institutionnels, de l’apparition des pathologies, est aussi une question sociale. Jacques Fernand Ouakam met en avant une césure dans la perception de la personne âgée entre les continents industrialisés et ceux qui sont en voie de développement. Cependant, c’est un constat qui tend à s’effacer. L’évolution de la perception des personnes âgées en Europe a progressivement poussé à un isolement de ces dernières. C’est ainsi que l’institut IPSOS-Senior Association relève que parmi les peurs liées à la vieillesse en France, à la question "Qu'est-ce qui, dans le vieillissement, vous fait particulièrement peur ?" 29 % de personnes interrogées citent l’isolement social et la perte des proches, en seconde place après la déchéance physique. Jacqueline Trincaz à travers l’étude des définitions successives des termes qualifiant la personne âgée, constate que la perception de cette dernière est passée de « sage » à « poids ». Les sociétés industrielles à l’image de la France ségréguent les personnes âgées, par leurs conduites, leurs pratiques et leurs perceptions, comme le souligne le psychiatre J. Maisondieu « l’apartheid de l’âge, avec une férocité d’autant plus redoutable qu’elle est inconsciente, y compris chez ceux qui en sont les victimes » En outre, dans les sociétés industrielles, le rôle de la famille (auprès de la personne âgée) diminue. Ainsi, les personnes âgées sont une « roue de secours pour les adultes en proie à leur travail et à leurs occupations ». L’âge croissant, la personne âgée prend plusieurs aspects : banquier, mais aussi « fardeau », « parasite ». Le manque de considération sociale et institutionnelle les conduit à la marginalité, la passivité et la dépendance. Elles sont parfois perçues comme des « victimes fautives », produits de l’économie politique. À l’opposé dans les sociétés dites en développement, tel que l’illustre l’exemple de la famille africaine, (dans un système où la stratification sociétale était les classes d’âge), la personne jeune est consciente de sa jeunesse et de son manque accru d’expérience. Elle perçoit « le vieillard » comme une source de maturité, d’histoire, un initiateur à la vie sociale, culturelle, l’enseignement d’un « vénéré ». Cette conception est toutefois elle-même vieillissante puisque on constate l’apparition d’un nouveau courant qui tend à rapprocher les deux modèles de sociétés. Les parents sont passéistes, et une déliaison sociale se démarque. Diagne et Lessault relèvent par ailleurs qu’à Dakar le départ tardif des jeunes du foyer est dû à une dépendance économique des aînés. De ces deux constats un point commun : les relations entre générations sont révélatrices des transformations économiques et sociales. Selon les chiffres rapportés dans le cadre de la thèse de M. Ouakam, 76,67 % des personnes âgées sondées se sentent respectés par les jeunes, 91% estiment que c’est dû à leur éducation. 71,1 % considèrent que leurs relations dans le temps se sont modifiées (100 % des 150 personnes ayant répondu à la question « quelle en est la cause selon vous ? » attribuent cela à l’éducation). 87,62 % des sondés considèrent ne plus être importants aux yeux de la communauté, bien qu’ils soient à 53,3% des aidants actifs. 61,9 % des sondés sont « déprimés ». Ces chiffres illustrent une modification de la perception de la personne âgée en Afrique, un constat appuyé par le CEPED en 2007 à travers le rapport « Les relations intergénérationnelles en Afrique, approche plurielle » de Ph. Antoine, reprenant les études de V. Hertrich où il est constaté que parmi les Bwa d’Afrique Subsaharienne, la modification de la perception des personnes âgées s’accompagne d’une diminution de leur légitimité quant à leurs champs de compétence traditionnelle. Une conclusion similaire est faite par Attané et Vinel à travers l’analyse des pratiques matrimoniales Burkinabé sur lesquelles les aînés ont de moins en moins de prérogatives.

Remplis sous: Non classé Commentaires