Surveiller les messages cryptés
L'Australie compte obliger les groupes comme Facebook ou WhatsApp à donner à la police, dans le cadre d'enquêtes criminelles et terroristes, les messages cryptés de suspects, selon un projet de loi dévoilé vendredi. Le débat agite tous les pays frappés notamment par les attentats. Les dirigeants de l'UE ont ainsi appelé fin juin les acteurs d'Internet à assumer leurs responsabilités dans la lutte contre le terrorisme en ligne, menaçant d'adopter une législation européenne pour les y pousser. WhatsApp, détenu par Facebook, et Skype, qui utilisent le cryptage de données pour garantir à leurs utilisateurs la confidentialité des échanges, refusent de se plier aux lois qui imposent dans certains pays aux opérateurs traditionnels de télécommunication (fournisseurs d'accès à internet, opérateurs mobiles et fixe) de fournir leurs données aux gouvernements qui le leur demandent. Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a expliqué que non seulement les groupes terroristes, mais également les trafiquants de drogue et les réseaux pédophiles utilisaient les messages cryptés. "Nous devons nous assurer qu'Internet n'est pas utilisé par les personnes aux mauvaises intentions pour dissimuler leurs activités criminelles", a déclaré vendredi M. Turnbull, ajoutant que les géants de l'Internet devaient "prendre leurs responsabilités". "Ils ne peuvent pas s'en laver les mains et dire qu'ils n'ont rien à voir avec ça." "Nous sommes une société, une démocratie qui fonctionne selon l'Etat de droit et la loi doit s'appliquer en ligne comme ailleurs", a-t-il poursuivi. Un projet de loi sera présenté au Parlement d'ici la fin de l'année. En Australie, les services d'enquête peuvent actuellement adresser des réquisitions aux opérateurs mobiles. Le ministre de la Justice George Brandis a affirmé que le projet de loi donnerait aux autorités australiennes des pouvoirs coercitifs pour contraindre "en dernier ressort" les entreprises si elles ne coopèrent pas volontairement. "Il est d'une importance vitale que le développement des technologies ne se fasse pas au détriment de la loi", a-t-il dit. Facebook a rétorqué qu'il disposait déjà d'un mécanisme d'aide aux enquêteurs australiens. "Nous mesurons l'importance du travail des autorités chargées de faire respecter la loi et nous comprenons la nécessité de mener des enquêtes. C'est pourquoi nous avons déjà un protocole pour répondre aux demandes quand nous le pouvons", a dit un porte-parole du groupe. "En même temps, affaiblir les systèmes de cryptage pour eux signifierait les affaiblir pour tout le monde." L'Américain Apple a de son côté dit à l'AFP n'avoir aucun commentaire à faire sur ce projet de loi. Le groupe s'était retrouvé au centre d'un bras de fer avec la justice américaine en refusant d'aider la police à contourner les mesures de sécurité pour accéder au contenu crypté d'un iPhone appartenant à l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino en Californie (14 morts le 2 décembre 2015). Plus récemment, à la suite de l'attentat au Parlement de Londres en mars, la ministre britannique de l'Intérieur Amber Rudd avait exhorté les services de messagerie sécurisée, comme WhatsApp, à collaborer avec les autorités pour ne pas fournir de "cachette aux terroristes".
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